MDCQ
Le Québec est l'un des rarissimes coins du monde où c'est la minorité et non la majorité qui assimile les nouveaux arrivants.
C'est ce qu'écrivait René Lévesque en 1971.
Lévesque voyait 4 éléments constitutifs à la nation :
• un territoire clairement défini
• une histoire propre
• une langue et une culture communes
• une volonté collective de vivre ensemble et de maintenir une identité nationale (1980).
Et encore, selon lui : le mot Québécois (la citoyenneté québécoise) s'adresse à tous ceux et celles qui sont nés au Québec et qui y vivent et c'est ce qui relie leurs diversités linguistiques, ethniques, culturelles, religieuses, géographiques et autres. Cette identité s'articule principalement autour de la collectivité francophone et de ses aspirations qu'on pourrait qualifier d'historiques. C'est la marque d'appartenance à un peuple, à une terre. (1980). Ajoutons que la loi sur la laïcité est venue compléter ce principe d'égalité de tous comme citoyens du Québec. Lévesque estimait que notre nationalité distincte était désormais beaucoup plus exposée à la culture anglophone dominante au Canada, en Amérique du nord et dans le monde entier «depuis que le Québec était sorti de l'isolement où nous avait tenu une société rurale où régnait une grande mesure d'unanimité et dont la pauvreté limitait aussi bien les changements que les aspirations.» (Option-Québec) D'où la nécessité d'une protection supérieure maintenant que cette culture dominante environnante a pris, avec les moyens de communications actuels, des proportions quasi incontrôlables. Deux enjeux lui paraissaient particulièrement stratégiques :
• le PREMIER : le français. La loi 101 lui paraissait une «prothèse nécessaire». Il était un peu honteux de nous voir réduit là. Mais la prothèse aux jambes (primaire et secondaire notamment) est devenue clairement insuffisante; il faut ajouter des prothèses aux bras et au cou (cégeps et premier cycle universitaire, comme le propose Guy Rocher). Même surenchère pour la langue de travail et d'usage public.
• le DEUXIÈME : l'immigration. L'entente de son gouvernement en 1979 a permis au Québec de choisir ses immigrants économiques (en nombre et en provenance), mais non les autres catégories d'immigrants permanents, tels ceux acceptés pour des raisons de regroupement familial ou pour des motifs humanitaires (réfugiés, demandeurs d'asile, sans papiers) ni les immigrants temporaires (étudiants, travailleurs, entrepreneurs, etc.). Le nombre d'immigrants au Québec a doublé depuis cette entente désormais nettement insuffisante. Il est clair que, dans les conditions actuelles, le Québec doit avoir le contrôle complet de son immigration s'il veut se donner le maximum de chances d'assurer leur intégration à la majorité francophone. René Lévesque n'avait sans doute pas tort de de croire que ce ne serait sans doute pas possible sans un statut politique souverain dans une nouvelle alliance avec le Canada. Le Québec devrait aller encore plus loin : comme la Suisse, il devrait faire passer l'octroi d'une citoyenneté québécoise à ses immigrants par l'attestation de sa résidence et la participation citoyenne depuis un certain nombre d'années dans une communauté territoriale (en Suisse, c'est la commune et le canton).
Ces deux enjeux font évidemment partie d'une plateforme électorale minimale qu'il faut exiger aux prochaines élections.